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« Tenir bon » face à la réaction automobile

Les aménagements d’urgence obtenus pendant les périodes de confinements sont une opportunité de changer la ville, pour peu qu’ils résistent suffisament longtemps. C’est la proposition tactique de la London Cycling Campaign.

Le lock-down britannique a eu des effets massifs sur Londres. L’immense territoire est transformé de fond en comble par des aménagements transitoires, soutenus par le gouvernement métropolitain. Un objectif : éviter le chaos routier. Avec le coronavirus, les transports en commun londonien ne peuvent plus accueillir leur volume habituel de voyageurs, voyageurs eux-même pas très enclin à s’enfermer avec des inconnus dans des rames exigues.

Alors qu’une grande partie des travailleurs britanniques continue à télétravailler, les rues se chargent dangereusement de voitures. Une catastrophe politique pour l’équipe métropolitaine : ce serait l’échec d’une politique (antérieure au Covid) de réduction des émissions liées au transport dans la ville. Mais le retour des voitures, c’est aussi le « traffic chaos » : des bouchons ingérables.

Les aménagements transitoires faisaient consensus, que ce soit des trottoirs élargis, des rues-raccourcies fermées, des pistes cyclables protégées par des plots en plastiques. Cependant, le vent tourne, et par opportunisme politique, certains édiles retournent leur veste, hurlant avec les loups de l’extrême-droite climatosceptique.

Dans un billet de blog, Simon Munk, le chef du plaidoyer de la London Cycling Campaign, regrette que les taxis se retrouvent à nouveau du mauvais côté de la barricade. Alors qu’ils seraient gagnants si Londres se démotorisait, leur myopie stratégique les fait exiger de rouvrir grand les vannes d’artères automobiles hostiles aux modes actifs.

Tenir quelques mois de plus

Que faire dans cette situation compliquée ? M. Munk propose une ligne de conduite aux différents groupes locaux des borough de Londres, en particulier ceux où la pression est forte pour y supprimer les aménagements transitoires : tenir le plus longtemps possible.

Pourquoi ? La recherche en urbanisme a démontré l’existence d’une « demande induite » par des nouvelles voies dédiées au voiture, c’est ce phénomène qui explique qu’on ne résout jamais des bouchons systémiques par l’élargissement des autoroutes.

Avec la Covid-19, les élus londoniens n’ont pas senti le souffle du boulet des automobilistes acharnés au moment des travaux réduisant la place qui leur était alloué. La réaction n’arrive que maintenant, progressivement encore. Il faut tenir, au côté des élus, au moins 3-4 mois pour que les nouvelles habitudes s’installent. Et seulement après, éventuellement, accepter l’adaptation d’aménagements peut-être un peu ambitieux ou mal dimensionnés. Alors, on offre un retrait tactique qui épuisera la frange la plus acérée, tout en ayant réussi à transformer les pratiques de mobilité d’une partie des automobilistes actuels.

Tenir bon ! Tenir bon, sans s’y épuiser, puisqu’il faudra rapidement se relancer dans une posture à nouveau offensive.

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